Le néophyte en généalogie peut être désarçonné de croiser des fratries où les enfants sont prénommés de la même manière, ce qui est pourtant très courant au 19ème siècle, notamment dans les régions ayant une autre langue que le français, très fortement implantée, comme en Bretagne par exemple ou dans le pays Basque.
En effet, la mise en place de l’état-civil en 1793 marque la naissance officielle du prénom tel que nous le connaissons aujourd’hui. Avant cela le prénom était le « nom de baptême », prénom utilisé dans le registre de l’église lors du baptême et qui était généralement le prénom du parrain ou de la marraine. Dans la vie quotidienne ce « nom de baptême » n’était pas toujours utilisé par les individus qui préféraient employer un nom d’usage issu de leur dialecte ou un surnom, ou simplement leur nom de famille.
La loi instituant l’état-civil contraint les personnes à déclarer un prénom issu du calendrier républicain, on comprend qu’en Bretagne les 6 frères de la famille s’appellent « Jean » et les 6 sœurs « Marie » car pour eux ce prénom est imposé par la loi et n’est pas un choix propre à la culture familiale, c’est donc un prénom qu’ils déclareront à la mairie mais dont ils ne se serviront pas dans la vie de tous les jours.
C’est aussi l’époque des fameux « Henri dit Paul », « Jean dit Fabien », « Marie dite Elise », qui fleurissent un peu partout en France, le généalogiste se sera aperçu qu’un même individu est dénommé différemment selon qu’il est sujet de l’acte ou qu’il donne son nom dans un acte d’état-civil.
Avant la révolution, c’est l’ordonnance de Villers-Cotteret qui institua en 1539 la transmission d’un nom héréditaire. Cette loi a été motivée par la nécessité qu’avait le roi de déterminer le nombre de ses sujets, notamment pour savoir combien d’hommes il aurait à sa disposition pour mener une campagne de guerre. Ce seul « nom de famille » suffisait à identifier un individu, car les personnes n’avaient tout simplement pas besoin d’un prénom pour se différencier au sein de leur petite communauté, elles savaient entre elles de qui elles parlaient.
L’ordonnance de Villiers-Cotteret charge l’institution religieuse de tenir ces nouveaux registres, qui les organise en actes de baptême, de mariage et de sépulture. C’est l’époque théorique à laquelle un généalogiste peut remonter.